Lycée Honoré d'Urfé

Qui est Honoré d'Urfé ?

Honoré d'Urfé est né en 1567, d'un père seigneur du Forez et d'une mère princesse de Savoie. Homme d'armes, il se bat durant les guerres de religion pour la ligue catholique, et meurt au combat en 1625, à la tête des troupes du Duc de Savoie luttant contre les espagnols.

Mais c'est l'homme de lettres qui est passé à la postérité, pour son roman-fleuve, l'Astrée .Cette œuvre de 5000 pages est un grand succès, un feuilleton littéraire dont les lecteurs de l'époque attendent avec impatience le livre suivant. C'est un récit pastoral, mettant en scène les amours de bergers au bord du Lignon. Mais c'est aussi et surtout une réflexion sur l'amour courtois, un roman épique et psychologique qui témoigne de la quête de raffinement d'une société plongée dans la guerre.

Le lycée Honoré d'Urfé au fil du temps...

Une rapide histoire du Lycée Honoré d’Urfé

 

Le présent travail doit beaucoup à Anne Cherrier, ancienne professeure d’Histoire -Géographie du Lycée.

            Un lycĂ©e bourgeois de centre-ville…

            Le 15 octobre 1894 s’ouvre Ă  Saint-Etienne un lycĂ©e de Jeunes Filles, avec 75 Ă©lèves, rue Gambetta, Ă  cĂ´tĂ© de l’église Saint-Louis, dans les locaux du collège Gambetta actuel. La grille d’entrĂ©e est toujours en place. Ces locaux sont jugĂ©s insalubres et inadaptĂ©s. Il s’agit d’un ancien couvent du XVIIème siècle qui abrite le lycĂ©e de Garçons, depuis 1806. Ce dernier dĂ©mĂ©nage pour des bâtiments flambant neufs, en 1890.

            La loi Camille SĂ©e, du 21 dĂ©cembre 1880, porte sur la crĂ©ation des lycĂ©es de Jeunes Filles en France. Les lycĂ©es ne s’adressent qu’à la bourgeoisie, dont ils vĂ©hiculent les valeurs. La gratuitĂ© n’existe pas et on y entre par examen. En une quinzaine d’annĂ©es, toutes les villes se dotent de cet outil, destinĂ© aux jeunes filles. Saint-Etienne, ville conservatrice et religieuse, ne brille pas parmi les premières. Roanne dispose du sien neuf ans auparavant. Dans la Loire, en 1880, 80% des petites filles frĂ©quentent les Ă©coles primaires religieuses, alors que c’est moins de la moitiĂ© des Garçons, avec 49%.

            Avec le soutien municipal, qui fournit les locaux, le lycĂ©e ouvre provisoirement le 22 septembre 1894 et dĂ©finitivement le 6 septembre 1895. Les travaux engagĂ©s semblent ravir les StĂ©phanois. Mais dès 1895 l’humiditĂ© dĂ©grade les bâtiments qui ne sont pas chauffĂ©s. Les lycĂ©es dispensent alors un enseignement dĂ©butant dès le Primaire. Les dĂ©buts sont timides, 75 Ă©lèves, alors que le lycĂ©e de Garçons en draine Ă  la mĂŞme Ă©poque plus de 500 ! Cela signifie que près de 600 Ă©lèves frĂ©quentent les deux seuls lycĂ©es pour une population de plus de 150 000 habitants. L’emprise des congrĂ©gations religieuses est forte et les boursiers sont rares. Les RĂ©formĂ©s, les IsraĂ©lites et les familles rĂ©publicaines radicales y mettent en prioritĂ© leurs enfants.

            La première Directrice est Ă©litiste et traite « d’un peu haut les enfants qui ne partagent pas avec elle ce privilège des bonnes manières et du bon ton Â». L’enseignement dispensĂ© ne permet pas alors d’entrer Ă  l’UniversitĂ© ou dans la vie professionnelle. L’association des anciennes Ă©lèves voit le jour en 1900 avec 49 membres fondateurs. Le but du lycĂ©e est encore largement de donner de futures Ă©pouses Ă  la bourgeoisie locale.

            La prĂ©paration du BaccalaurĂ©at et donc la classe de Terminale font leur apparition en 1925, en mĂŞme temps que la 6ème qui permet de passer du Primaire au Secondaire, du petit au grand lycĂ©e. Les enseignantes forment un monde exclusivement fĂ©minin. Il n’y a pas de secrĂ©tariat. Les cours vont du lundi 8 heures au samedi 17h30 avec repos le jeudi. Le niveau de l’enseignement est bien moindre que celui exigĂ© des Garçons. La gymnastique est facultative dans le secondaire. La morale est très importante et des enseignements « pratiques Â» d’économie domestique sont prĂ©sents. L’enseignement religieux a lieu Ă  l’extĂ©rieur du lycĂ©e. Les premières enseignantes sont majoritairement cĂ©libataires, dĂ©vouĂ©es corps et âme, Ă  leur sacerdoce et moins payĂ©es que leurs collègues masculins. La surveillance morale des Ă©lèves est stricte et leur libertĂ© très rĂ©duite. Eduquer est aussi important que d’instruire. Le maquillage est prohibĂ©. Le conseil de discipline se rĂ©unit chaque trimestre pour examiner la conduite de chaque Ă©lève. Un tableau d’honneur rĂ©capitule conduite et rĂ©sultats chaque mois.

            Dans les annĂ©es trente, le lycĂ©e atteint plus de 450 Ă©lèves chaque annĂ©e. Les classes de 45 Ă  50 Ă©lèves existent. Peu Ă  peu le Primaire recule devant le Secondaire. Les locaux deviennent trop exigus. Un Ă©tage est rajoutĂ© en 1949. Mais dès 1934, l’idĂ©e d’un nouveau lycĂ©e est lancĂ©e. La prĂ©paration du BaccalaurĂ©at devient l’objectif des lycĂ©ennes. Les premières bachelières datent de 1916. Elles sont une vingtaine par an dans les annĂ©es trente. La loi BĂ©rard, en 1924, aligne les lycĂ©es de Jeunes Filles et de Garçons, les enseignements et le salaire des professeurs. A partir de 1935, l’enseignement en lycĂ©e devient gratuit.

            Les Directrices et professeures sont craintes et respectĂ©es. La remise des prix en fin d’annĂ©e est l’élĂ©ment phare de la vie scolaire. Le palmarès est publiĂ© dans la presse. Le PrĂ©fet, l’Inspecteur d’AcadĂ©mie, le Procureur de la RĂ©publique et toutes les autoritĂ©s civiles et militaires sont lĂ . Pendant la Première guerre Mondiale, le lycĂ©e, rĂ©quisitionnĂ©, devient un hĂ´pital militaire. Les Jeunes Filles suivent leur cours dans l’aile Nord de la Bourse du Travail. A partir du milieu des annĂ©es trente, la gratuitĂ© et l’arrivĂ©e de nombreux rĂ©fugiĂ©s, fuyant la montĂ©e du totalitarisme en Europe, font enfler les effectifs, qui atteignent plus de 700 Ă©lèves en 1935. Des chaudières au charbon, peu efficaces, sont installĂ©es.

            A la mĂŞme Ă©poque, la communautĂ© juive de la Loire regroupe 600 personnes. En 1941, 2349 sont recensĂ©es. Les effectifs des lycĂ©ens s’en ressentent. Dès 1940, Vichy impose un quota de 3% maximum. Il est largement dĂ©passĂ©. Entre 5 Ă  10% des inscrits sont Juifs. Vichy rĂ©tablit les frais de scolaritĂ©. Dès octobre 1940 les lois raciales excluent les enseignants juifs dont l’Inspecteur d’AcadĂ©mie et le proviseur du LycĂ©e de Garçons. Dans le lycĂ©e de Jeunes Filles, certaines Ă©lèves juives portent sur leur fiche individuelle la mention « israĂ©lite Â», mais pas toutes…Les Ă©lèves souffrent de carences alimentaires. On leur distribue du lait que certaines n’hĂ©sitent pas Ă  dĂ©rober pour le ramener Ă  leur famille et se retrouvent ainsi en conseil de discipline.

            Le 20 octobre1941, un internat est ouvert dans les locaux de l’Ecole Normale de Filles fermĂ©e par Vichy, rue de la Richelandière. Il est supprimĂ© Ă  la LibĂ©ration. Dès 1942, certaines Ă©lèves disparaissent et quittent le lycĂ©e pour la campagne, la Haute-Loire, le Chambon-Sur-Lignon, ou l’Ardèche et la DrĂ´me. Depuis 1941, les cours de catĂ©chisme ont lieu au lycĂ©e, une pratique qui survie Ă  la fin de la guerre. A la rentrĂ©e 1942, une Terminale Maths Elem voit le jour, permettant de rapatrier la vingtaine de filles qui jusque-lĂ  allaient en cours au LycĂ©e de Garçons. Les filles brillent enfin dans un bastion masculin, les maths et les sciences. La situation du lycĂ©e est instable. Quatre Directrices se succèdent entre 1941 et 1946. Vichy dĂ©cide de donner des patronymes aux lycĂ©es. Le ministre Bonnard tranche pour Claude Fauriel et HonorĂ© d’UrfĂ©, en mars 1944. Visiblement meilleur hellĂ©niste qu’historien, il choisit pour les filles un redoutable soudard des guerres de religion, accessoirement Ă©crivain.

            La guerre voit quelques professeures, comme Marie Louise Soucelier, agrĂ©gĂ©e d’Anglais, s’engager dans la RĂ©sistance. Elle intègre « Combat Â» dès sa crĂ©ation. ArrĂŞtĂ©e, le 8 aoĂ»t 1943, elle est dĂ©portĂ©e Ă  RavensbrĂĽck. Elle y retrouve ses anciennes Ă©lèves Ă©tudiantes qui ont rejoint la RĂ©sistance : Marie Cave, Violette Maurice, Suzanne Ignace, Denise Bastide et d’autres femmes rencontrĂ©es au lycĂ©e : Dora Rivière, ancienne Ă©lève, ophtalmologiste, responsable des filières d’évasion des enfants vers le plateau du Chambon-Sur-Lignon, Marguerite Chavanat-Marandet, Ă©pouse d’un des responsables de la RĂ©sistance du Roannais. RenĂ©e Peillon, amie de Marie Cave, ancienne Ă©lève, institutrice, trouve la mort au combat lors de la LibĂ©ration. Denise LĂ©vy, ancienne Ă©lève, Ă©tudiante, est assassinĂ©e Ă  Auschwitz, tandis que Rolande Van Hoeck, Ă©pouse Weill, meurt Ă  Sobibor en mars 1943. Denise Bastide devient la première et seule femme dĂ©putĂ©e de la Loire dès la LibĂ©ration. La plaque commĂ©morative dĂ©posĂ©e par les anciennes Ă©lèves dans les annĂ©es soixante-dix Ă©voque toutes ces femmes rĂ©sistantes. Elle omet les petites victimes Â« raciales Â» qui disparurent Ă  Auschwitz, sans laisser de traces, comme le souhaitaient les nazis : Jeanine Heimer, 14 ans, Charlotte Rosenkovitch, 14 ans, France Klain, 17 ans et Lise Lehmann, 16 ans.

            De l’ascenseur social des classes moyennes…au lycĂ©e de masse…

            Après-guerre le lycĂ©e connait une croissance constante et s’ouvre aux classes moyennes issues des Trente Glorieuses. A la rentrĂ©e 1944-1945, une quinzaine d’élèves juives sont inscrites, parmi les 800 Ă©lèves, sans nouvelles d’un père, d’une mère ou des deux. Jusqu’en 1947 les conditions de vie demeurent rudes. Le rationnement est toujours prĂ©sent. La MunicipalitĂ© loge les Internes, dès octobre 1950, pour près de dix ans, dans un ancien orphelinat, situĂ© au Rez, près du Furan, sous l’A47 actuelle. Les effectifs du lycĂ©e doublent entre 1949 et 1956. L’effet baby-boom dĂ©bute. La situation est intenable. La MunicipalitĂ© acquiert un vaste terrain d’une dizaine d’hectares, au Mont, au lieudit l’Egalerie, en 1949. 143 jardins Volpette s’y trouvent en location et l’expulsion des jardiniers est douloureuse. Les travaux dĂ©butent au printemps 1953. Le dĂ©mĂ©nagement a lieu Ă  la rentrĂ©e 1957. Dans la rĂ©alitĂ© il faut une annĂ©e pour assurer le transfert. Les Ă©lèves cĂ´toient le chantier en cours. Les anciens locaux de Gambetta sont dĂ©volus au collège Moderne. Le collège technique occupe l’aile des nouveaux bâtiments du Mont. Devant l’augmentation des effectifs, le collège technique du Mont prend son autonomie. Il devient en 1961 le lycĂ©e technique d’Etat mixte du Mont et intègre ses nouveaux bâtiments en 1962. En 1988 il est rebaptisĂ© lycĂ©e polyvalent rĂ©gional d’Alembert. Plusieurs Ă©tablissements doivent ainsi cohabiter sur le site.

                        Le nouveau cadre est sĂ©duisant, des tours, des barres, de taille modĂ©rĂ©e, sont dispersĂ©es dans un parc arborĂ©. Les murs sont dĂ©corĂ©s de mosaĂŻques, Ĺ“uvre de Tautel, directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Saint-Etienne.  Cependant, les nouveaux locaux se dĂ©tĂ©riorent rapidement, n’étant pas toujours bien adaptĂ©s Ă  l’usage pour lequel ils sont destinĂ©s. Le lycĂ©e abandonne ses classes primaires en ce dĂ©but des annĂ©es soixante. Dans le mĂŞme temps les effectifs croissent, jusqu’en 1961, avec 2231 Ă©lèves et 446 Internes. Pour endiguer ce phĂ©nomène, l’Etat construit des collèges et des lycĂ©es de proximitĂ© et met en place la carte scolaire. MalgrĂ© tout, avec le retour des rapatriĂ©s d’AlgĂ©rie, Ă  la rentrĂ©e 1962, la MunicipalitĂ© fait installer quatre classes prĂ©fabriquĂ©es. Le lycĂ©e fonctionne dĂ©sormais en journĂ©e continue.

            Les CEG, collèges d’enseignement gĂ©nĂ©raux, permettent d’éviter l’explosion des effectifs en 1963. Dès 1967, deux Ă©tablissements se dessinent, un premier cycle avec un CES et un second avec le lycĂ©e. L’autonomie dĂ©finitive du collège n’a lieu qu’en 1979. Les temps changent. La voie technique doit ĂŞtre dĂ©veloppĂ©e, malgrĂ© son manque d’attrait, face Ă  une voie gĂ©nĂ©rale aux dĂ©bouchĂ©s incertains. La distribution des prix tombe en dĂ©suĂ©tude, ainsi que le tableau d’honneur. Mme Bouchardeau, professeure de philosophie, s’y oppose ouvertement. Mai 1968 les pousse aux oubliettes. En 1973, le collège s’ouvre Ă  tous. Pour absorber ces nouveaux collĂ©giens, des classes de 6ème et de 5ème de transition sont créées. Elles restent une prĂ© orientation vers l’enseignement technique et la vie professionnelle. La stratification sociale est accentuĂ©e. Les effectifs en classe de philosophie peuvent atteindre les 55 Ă©lèves. Une coopĂ©rative permet la vente de goĂ»ters qui finance les projets et sorties pĂ©dagogiques. Clubs et journaux se dĂ©veloppent, cassant les codes et les barrières entre Ă©lèves et professeurs. Mai 1968 secoue le lycĂ©e comme tous les Ă©tablissements et divise la communautĂ© enseignante. Les Internes y gagnent la fin du bĂ©ret.

            Les parents et les Ă©lèves font alors leur entrĂ©e dans la vie de l’établissement. Les classes demeurent très chargĂ©es. La mixitĂ© s’impose, mĂŞme si le lycĂ©e reste encore longtemps un Ă©tablissement majoritairement fĂ©minin. En 1979, le chef d’établissement et son secrĂ©tariat migrent au cĹ“ur de l’externat, dans le bâtiment central, abandonnant le bâtiment administratif situĂ© au niveau de l’impasse Le Châtelier. L’Intendance suit quelques annĂ©es plus tard. Les horaires de cours s’allongent jusqu’à 18h et grignotent la pause mĂ©ridienne. L’ouverture du collège de La Cotonne et la fin du baby-boom font chuter les effectifs de 25% de 1979 Ă  1995. Le lycĂ©e enracine alors ses spĂ©cificitĂ©s : classes bilingues allemand dès la 6ème, Musique, Arts AppliquĂ©s, Arts Plastiques et fort recrutement en sĂ©rie littĂ©raire, très fĂ©minisĂ©e, oĂą les jeunes filles cultivent un look original, remarquĂ© jusqu’en ville. Le recrutement fait l’objet d’une plus grande mixitĂ© sociale, mais Ă©vite les quartiers dits difficiles. Les milieux plus populaires font une entrĂ©e importante dans les annĂ©es 1990, achevant de pousser dans l’Histoire le vieux lycĂ©e. Un dernier Ă©vènement entĂ©rine ce changement dĂ©finitif. Il s’agit de la fusion d’HonorĂ© d’UrfĂ© avec le lycĂ©e d’Alembert, en 2004. Moins prestigieux, moins Ă©litiste, avec ses classes technologiques et ses Ă©lèves de milieux beaucoup plus modestes, ce dernier disparait dĂ©finitivement Ă  la rentrĂ©e 2007. Pour rĂ©aliser cette fusion qui a des difficultĂ©s Ă  se concrĂ©tiser dans les esprits, rien de mieux qu’un changement de locaux. Les travaux de rĂ©novation dĂ©butent en 2014. Ils sont ambitieux et donc rien ne se passe comme prĂ©vu. Le chantier est toujours en cours en 2022 au grand dam des responsables du suivi des travaux et des Ă©quipes pĂ©dagogiques impatientes. Pourtant après une rĂ©forme complète de l’Ecole et une pandĂ©mie de COVID 19, les enfants sont toujours lĂ  et leurs professeurs aussi, fiers et dĂ©sireux de construire, pour eux et avec eux, un avenir meilleur et plus humaniste.

Paul SAUMET

 

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Lycée Honore d'Urfé

1, Impasse le Chatelier BP 90259
42 014 Saint Etienne Cedex 2
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Direction : 
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